Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/116

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spéculation, mais chimériques dans la pratique. Le gouvernement des Maures est monstrueux dans toutes ses parties ; il n’y a parmi eux ni ordre, ni subordination, ni zèle pour l’intérêt public, ni esprit de nation. On sacrifie tout à l’intérêt privé : l’honneur, le bien de la nation, la monarchie, le monarque et la religion elle-même. Malgré les services importants que nous avons rendus aux Maures, ils ne cherchent qu’à nous éloigner pour reprendre les terres qu’ils nous ont données. Le but poursuivi par Bussy est de mettre tous nos domaines à l’abri des révolutions qui pourraient survenir avec un gouvernement aussi peu solide.

Ce n’est pas par un coup d’éclat qu’il avait envie de commencer, il lui paraissait plus à propos de continuer à soutenir le soubab et les Maures en les dominant. Ce parti avait ses difficultés ; le pouvoir du soubab inclinait vers sa ruine : tout ce qu’on pouvait faire, c’était de retarder une révolution imminente. Mais le grand obstacle était la disette d’argent, à laquelle il n’y avait d’autre remède que de prendre des provinces dont les revenus seraient suffisants pour entretenir son armée. On y trouverait le double avantage de s’assurer une solde fixe quelque pût être le dérangement des finances du soubab, et de se rendre indépendant des officiers maures auxquels il fallait pour ainsi dire mendier nos appointements. Dans ce but, Bussy avait jeté les yeux sur les quatre circars, dont le commandant de Mazulipatam pourrait aisément surveiller le fermier et avoir soin qu’il nous envoyât chaque mois les fonds nécessaires à notre armée.

Toute la négociation se réduirait à faire remplacer le fermier actuel par un autre de notre choix, qui prit possession de ces provinces en notre nom. Les circonstances étaient favorables ; les gouverneurs de la côte se jalousaient et se faisaient la guerre ; il n’y avait qu’à entretenir parmi eux la division. Leur mésintelligence était nécessaire pour donner à la demande que