Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/119

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la presqu’île de l’Inde serait bloquée par les Français.

En lisant ces projets, Bussy reconnaissait lui-même qu’on serait peut-être étonné de le voir décider à son gré d’intérêts si considérables et trancher pour ainsi dire du souverain. On s’imaginera qu’il va compromettre la nation par des projets chimériques, mais l’Inde n’a aucun rapport avec l’Europe et son gouvernement différait totalement de celui des différentes monarchies de l’Occident. Il est vrai que si le nabab pensait sérieusement à assurer la paye de nos troupes, ces projets pouvaient être différés, mais ils ne devaient être que différés et l’on ne devait pas quitter le Décan avant qu’on ne les eut tous exécutés dans toutes leurs parties.

Balagirao faisait de grands préparatifs de guerre sous prétexte d’aller soutenir le Mogol contre son vizir. La vérité est qu’il se préparait à entrer dans le Décan, où le soubab sans crédit et sans argent ne pouvait lui opposer la moindre résistance. S’il lui plaisait de réaliser ce projet, il n’était pas douteux que nous dussions nous joindre à lui : on n’arrête pas le cours d’une révolution déjà trop avancée. Les seigneurs maures ne se déclareraient point pour le soubab, s’il était attaqué par des forces considérables. « Laissons donc, concluait philosophiquement Bussy, la domination marate succéder au gouvernement mogol dans le Décan et comme nous ne pouvons pas être spectateurs oisifs de cette révolution, il faut y contribuer et en tirer parti : après tout, ce sera encore plus l’ouvrage des Maures et de leurs divisions que la nôtre. » Tel était, de l’avis de Bussy, l’unique moyen de mettre fin à toutes les guerres. (B. N. 9158, p. 37-43).

Dupleix ne dissimula pas sa joie en recevant ce nouveau mémoire ; toutes ses inquiétudes au sujet du Décan s’évanouissaient. Il répondit à Bussy le 31 août :

« Je suis en vérité en extase de voir combien vous trouvez de