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gouverneur de Mazulipatam. En un entretien vrai ou supposé,. Bussy fait prendre la défense des Anglais et de leur politique par Mir Mohamed Oussen pour donner à Abderrhaman l’occasion facile de triompher de ses arguments et de prouver que les qualités des Français étant infiniment supérieures à celles de leurs rivaux, le Décan a plutôt intérêt à s’appuyer sur nous. Bussy en déduisait — et ce sont ses réflexions propres — que ce serait pour nous un déshonneur et une honte si nous retirions nos troupes. On dirait que nous n’étions venus dans le pays que pour satisfaire notre cupidité et que si nous partons, c’est uniquement parce que la caisse est vide.

Cependant passe encore de partir ; nous y serons peut-être obligés si nous ne trouvons pas le moyen de payer nos hommes ; mais est-ce que les Anglais n’attendent pas notre retraite pour prendre notre place ! Que vaudront alors nos établissements à la côte ? ce sera leur ruine et la perte du commerce. Les Anglais bénéficieront un instant de tous les avantages que nous aurons perdus. Rien ne leur coûtera pour consolider leurs succès et rendre leur situation inexpugnable.

Aussi, revenant au système qu’il a déjà indiqué dans son mémoire instructif, Bussy conclut-il à nouveau à la nécessité d’entretenir un corps de troupes françaises auprès du soubab. « Ce corps d’armée, disait-il, sera comme un comptoir ambulant auquel le gouverneur général des Indes fera les changements qu’il jugera nécessaire et convenable. Ce ne sera point une destination onéreuse et infructueuse pour les officiers et soldats ; les appointements considérables exactement payés, s’ils sont économisés, leur feront une fortune honnête, légitimement acquise, dont les fonds se répandront dans les colonies, les rendront opulentes et le commerce florissant. »

Puis — et c’était la fin — Bussy en venait à envisager son action personnelle. Il disait :