Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/127

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c’était donc d’une simple promenade et non d’une expédition militaire qu’il s’agissait. Fin septembre les derniers préparatifs étaient terminés, Bussy donna à ce moment une grande fête militaire dont il espérait que la répercussion se ferait sentir jusque dans Aurengabad, et le 28, il écrivit à Salabet j. pour l’informer de son départ dans deux ou trois jours ; mais quelle lettre ! « Si aujourd’hui vous êtes soubab du Décan, commençait-il par lui dire, c’est à moi à qui vous le devez. » Puis il lui rappelait avec quelque brutalité les services qu’il lui avait rendus au moment de son avènement, mais surtout à la mort de Gaziuddin. Salabet j. voulait alors faire la paix à tout prix ; c’était Bussy qui avait tout sauvé. Si, malgré quelques injustices, celui-ci revenait aujourd’hui, c’était pour deux motifs, d’abord la gloire du roi et l’honneur de la nation, ensuite les intérêts de Salabet j., pour lesquels nous étions toujours disposés à nous sacrifier :

« Outre la franchise que vous me connaissez, continuait Bussy, je suis en droit de vous parler comme je fais, parce que tout le Décan sait que je vous appelle mon fils et que vous me traitez de père. D’où vient que vous ne tiendrez plus le même langage qu’auparavant ? qui est-ce qui aurait mis dans votre mémoire ces idées ? Malgré cette différence dans vos sentiments et vos paroles, je suis prêt à partir pour aller vous rejoindre dans deux jours. Il est à propos que vous attendiez mon arrivée afin de concerter ensemble une campagne qui vous fasse honneur et qui vous apporte quelque profit, car vous savez que la dernière ne vous a été ni honorable ni profitable. Vous avez suivi les conseils de vos ennemis plutôt que les miens… Votre conduite est si irrégulière que je crois que vous voulez absolument ruiner votre pays. Vous venez de faire tomber [mot incertain] Mir Mahamet de qui vous me disiez toute sorte de bien. C’est sans doute là encore un tour de mes ennemis qui sont les vôtres et qui jaloux de voir la bonne intelligence qui était