Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/126

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Bussy, se sentant en force, se décida enfin à marcher sur Aurengabad. Il est inutile de dire que Goupil et Mainville ne faisaient pas partie de l’expédition. Lorsqu’il eut réglé avec eux les comptes de l’armée, Bussy les renvoya à Pondichéry, où ils arrivèrent à la fin de septembre. Dupleix ne leur demanda aucune explication ; il ne les vit même pas et les laissa pendant un certain temps dans le doute sur ses intentions. On sait déjà qu’il ne leur tint pas rigueur et que quelques jours après il devait faire appel à Mainville pour commander nos troupes devant Trichinopoly.

Jusque dans les premiers jours de septembre, Bussy avait craint que les Marates, connaissant la situation troublée du Décan, ne voulussent profiter du désarroi qui régnait dans les esprits pour envahir de nouveau le pays. Il avait appris par des renseignements sûrs que Balagirao et Ragogy étaient prêts à marcher : une comédie préparée à l’avance avec Lasker kh. devait justifier leur intervention. Bussy prévint le coup avec sa décision habituelle en faisant mine d’aller à l’ennemi. Balagirao voyant les Français prêts à fondre sur lui envoya en toute diligence son vaquil à Bussy pour lui demander son amitié et lui dire qu’il était prêt à confirmer le traité de paix conclu à la fin de 1752. Ainsi fut fait : Ragogy imita Balagirao et la paix fut de nouveau assurée au Décan.

Le terrain ainsi déblayé, rien ne s’opposait plus à ce que Bussy partit pour Aurengabad. Il avait eu l’air de se faire inviter par le soubab lui-même à venir le trouver ;

    armée. Ce poste est avantageux pour ceux qui l’occupent… Tout ce que j’ai vu jusqu’à présent me persuade qu’il y a bien plus de ressources dans les personnes nées que dans ceux dont l’Inde n’est malheureusement que trop garnie. » (Lettre à Bussy du 31 août 1753 — A. V. 3753, p. 113).