Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/146

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proposa à Moracin de demander les quatre circars pour assurer la paie de nos troupes. Il estimait qu’on pouvait faire l’opération avec les seules forces que Bussy ramenait à la côte sans en distraire aucune du Décan. L’idée n’était pas nouvelle, puisqu’elle avait déjà été envisagée par Dupleix lui-même sous une forme à peine différente ; elle n’en prit pas moins Moracin au dépourvu et, en l’absence de Bussy qui n’allait pas tarder à arriver, il ne se crut pas autorisé à donner un avis. Il entrevit cependant à l’exécution du projet certaines difficultés d’exécution, tenant surtout à la personnalité des fermiers actuels. Que diraient-ils si on ne les conservait pas comme fermiers généraux ? que feraient leurs compétiteurs si on les maintenait ? C’était en somme la question Jaffer Ali-Calender kh. qui se posait avec netteté. Cette fois il faudrait prendre parti entre l’un et l’autre et quoi que l’on décidât, c’était la guerre à peu près certaine entre les concurrents. La question se compliquait des appétits naissants d’un certain Viziam Raja, sous-fermier de Chicacol, qui aspirait à l’indépendance, c’est-à-dire à percevoir les revenus de cette province pour son propre compte. Ce Viziam Raja, dépendant de Jaffer Ali, risquait d’être pour ce dernier une cause de sérieuses difficultés. Moracin ne se souciait pas d’éveiller toutes ces convoitises : il n’avait aucun moyen pour satisfaire les unes ni pour contrarier les autres. Plus éloigné du théâtre des compétitions, Dupleix n’hésitait pas à résoudre la question et se déclarait pour Calender kh. Cet homme au moins empêcherait les Anglais d’être les maîtres du commerce des toiles et avec 100 blancs et 4 à 500 cipayes, on arriverait aisément à se débarrasser de Jaffer Ali. Arrivé à Mazulipatam, Bussy parut plutôt enclin à se ranger à l’opinion de Moracin ; d’ailleurs que pouvait-il résoudre à