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ces deux hommes ne méritant notre confiance et tous deux ayant au contraire donné quelques preuves d’attachement aux Anglais. Les préférences plutôt que les sympathies de Bussy allaient à Jaffer Ali, tandis que celles de Moracin allaient à Viziam Raja, mais ces préférences étaient assez variables, comme on pourra s’en rendre compte.

Au mois d’août, alors que Bussy jetait à Haïderabad les premières bases de l’accord qui ne devait intervenir que fin novembre, Jaffer Ali figurait parmi les seigneurs du Décan devant contribuer à l’entretien de nos troupes pour une somme mensuelle de 60.000 rs. Moracin lui proposa alors une union solide et comme preuve de ses bonnes dispositions il s’offrit comme médiateur de la paix à intervenir avec Viziam Raja ; Viziam Raja négocia en effet par notre intermédiaire avec Jaffer Ali, et envoya à Mazulipatam un de ses parents, nommé Balbaderajou, pour nous dire qu’il n’était nullement l’ami des Anglais, bien qu’ils lui eussent offert 130 hommes pour contrarier nos desseins, mais la paix avec Jaffer Ali lui paraissait difficile à conclure. Elle ne pouvait se faire que si on les rendait indépendants l’un de l’autre ; en d’autres termes, pour éviter à l’avenir tout démêlé avec Jaffer Ali, Viziam Raja offrait de payer directement ses fermages au soubab ou aux Français. Comme gage de ses sentiments pacifiques, il promettait de ne faire aucun acte d’hostilité tant que Moracin ne se serait pas prononcé et de contremander les Marates dont il avait sollicité le secours. Moracin ne voulut rien faire sans consulter Bussy, mais il ne lui cacha pas que Jaffer Ali faisant quelque difficulté pour payer les 50.000 rs. auxquelles il était taxé, nous avions actuellement tout intérêt à soutenir Viziam Raja (sept. 1753).

Jaffer Ali en effet ne nous paya pas ; il nous donna