Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/157

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

suivie de l’arrivée des Anglais, qui assureraient leur grandeur sur nos ruines : le Décan étant absolument incapable de se défendre contre toute attaque étrangère.

« Tandis, écrivait-il, que toutes les nations cherchent à nous supplanter, parce qu’elles sont persuadées que nous allons au solide, n’y aurait-il que nous qui ne sentions point les avantages de notre situation ? Serait-il donc possible que la Compagnie opiniâtrement aveugle ou faussement préoccupée contre ses véritables intérêts refuse les trésors que la nature lui prodigue pour ainsi dire malgré elle et que, cherchant dans une paix un intérêt imaginaire, elle perde de plein gré le fruit de tant de travaux. Fallait-il donc, pour acquérir cette paix dans la province d’Arcate, céder tout à nos rivaux et devenir pour ainsi dire leurs esclaves en recevant un maître de leurs mains ? Cette paix, dis-je, que la Compagnie pense devoir lui procurer un commerce florissant et tranquille, aurait eu un tout autre effet. Un soubab placé de leur façon nous eut resserré dans des bornes si étroites que s’il ne l’eut pas détruit tout à fait, au moins en aurait-il empêché l’étendue. »

Ces résolutions si contraires aux intérêts de la Compagnie n’étaient, d’après Bussy, que le résultat de lettres envoyées de l’Inde en France par des employés de la Compagnie, aigris, jaloux ou mécontents : elles le plongeaient dans une mortelle inquiétude ; il ne pouvait comprendre qu’on préférât en quelque sorte la servitude aux trésors, à l’autorité et à l’indépendance. Le parti que prendra la Compagnie décidera ou de la ruine de son commerce ou de son étendue et de son affermissement.

Bussy comptait bien que ses propos seraient rapportés en France et que Roth, dont la mission avait été jusqu’alors favorable à Dupleix, serait leur meilleur avocat à tous les deux.

Une autre lettre écrite deux jours plus tard (18 décembre)