Aller au contenu

Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/171

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il faudra, si nous ne voulons être dupes, être prêts à marcher comme les autres jaguirdars du Décan.

Il est possible que cette révolution n’éclate pas avant un an. Est-il nécessaire que durant ce temps, les Français passent la saison des pluies dans le Décan auprès de Salabet j. ? Cela était bon quand ils étaient mercenaires, mais aujourd’hui qu’ils sont autre chose que de simples gardes du soubab, puisqu’ils sont devenus jaguirdars, il n’est plus possible de les congédier. Ils se feront mieux désirer et craindre dans leurs terres qu’en restant à Aurengabad. Lorsqu’ils reviendront en cette ville, l’hivernage terminé, ils ne seront pas dans la même situation que l’année précédente, où les payant comme mercenaires, on pouvait leur dire de ne pas revenir.

Les conditions dans lesquelles les circars nous ont été cédés sont les mêmes que celles qui sont faites aux autres jaguirdars ou mensebdars, savoir : entretenir un corps de troupes auprès du soubab quel qu’il fût pour le suivre en campagne. Salabet j. ne peut nous inquiéter que dans le cas où nous refuserions de lui envoyer des troupes. « Il faudrait des volumes, disait Bussy, pour vous mettre au courant de quantités de coutumes que vous ignorez et sur lesquelles, quoi qu’on puisse dire, il faut se modeler… Les intérêts du Mogol et de son vice-roi dans le Décan que vous me proposez sont de beaux termes pour l’Europe, mais de vous à moi, Monsieur, il n’est pas difficile de les réduire à leur juste valeur. » Dans le système qui consiste à soutenir envers et contre tout Salabet j., alors qu’un autre soubab peut être désigné par le Mogol, et de rester auprès de lui avec toutes nos forces, on risque de se laisser « enfourner dans Aurengabad ».

Ici Bussy devenait légèrement agressif ; il critiquait la politique suivie dans le Carnatic et terminait en laissant entendre que si Dupleix ne modifiait pas son point de vue,