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l’on pouvait très légitimement espérer entrer dans une période de calme et d’organisation, au cours de laquelle tout s’arrangerait au mieux des intérêts de l’armée, du commerce et de l’administration. Dans l’Inde plus qu’ailleurs, les pouvoirs forts rétablissent aisément les situations même les plus désespérées et Bussy l’avait presque entièrement restaurée en 1755.


Prise de possession des circars par Check Ibrahim et Dagrez. — Après cet exposé des difficultés dans lesquelles Bussy se trouva engagé au lendemain de la cession des circars, il nous faut revenir au récit des événements eux-mêmes jusqu’à l’arrivée de Godeheu.

Si Bussy avait été libre de ses mouvements, il serait descendu à la côte au lendemain même de la cession des circars, mais, outre les motifs que nous venons d’indiquer, il était moralement tenu de rester auprès du soubab jusqu’à ce que celui-ci prit ses quartiers d’hiver, c’est-à-dire vers le mois d’avril. Il eut alors fait comme les autres jaguirdars de l’État qui quittaient le soubab pour rentrer dans leurs terres et revenaient à l’automne lorsqu’on avait de nouveau besoin d’eux pour faire rentrer les contributions à main armée. Seulement, tandis que les jaguirdars partaient avec tout leur monde, ne laissant auprès du soubab qu’un simple vaquil, Bussy était résolu à laisser auprès de lui tout un détachement avec un officier, — et il avait déjà destiné le poste à Dioré, un capitaine récemment arrivé des Îles. Par cette retraite annuelle, conforme aux usages des Maures, Bussy comptait habituer peu à peu le soubab à se passer de notre présence et un jour viendrait où nous ne remonterions pas à l’intérieur. La prise de possession de nos domaines serait pour nous le motif de la première séparation. Ainsi,