par une combinaison quelque peu machiavélique, se conciliait dans l’esprit de Bussy l’idée en apparence paradoxale d’abandonner le Décan à ses destinées, sans cesser cependant d’y dominer. Par la côte on tiendrait le reste du pays.
Ne pouvant venir lui-même prendre possession des circars, Bussy envoya à sa place au début de février un de ses lieutenants les plus fidèles, le chef des cipayes Check Ibrahim, avec 2186 cipayes et 674 cavaliers. Dugrez le suivit quelques jours plus tard avec 150 blancs. Ibrahim devait se tenir à la disposition de Moracin pour toutes opérations nécessaires ; toutefois il lui fut recommandé de n’agir qu’avec ses propres troupes sans jamais employer d’Européens. On voulait ainsi éviter de donner aux Anglais le moindre prétexte d’intervenir soit seuls soit avec le concours des paliagars. Nos français resteraient en réserve dans la région de Mazulipatam où nous avions tous les droits. À son arrivée (17 février), Ibrahim reçut de Moracin un renfort de 500 cavaliers, 150 caïtoquiers et 200 cipayes, ce qui porta ses effectifs à 3710 hommes.
La situation était à ce moment des plus confuses. Moracin continuant à se débattre au milieu de la politique contradictoire qu’il avait lui-même préconisée, la modifiait chaque jour suivant les succès ou les revers de Jaffer-Ali et de Viziam Raja. Au début de décembre, il était entré en pourparler avec Viziam Raja, en lui donnant à entendre que non seulement on lui laisserait Chicacol, mais qu’on lui céderait aussi Rajamandry, s’il consentait à nous payer un lak d’avance ; pour la ferme elle-même on lui demanderait 9 à 10 laks la première année. Lorsqu’il connut d’une façon certaine la cession des circars, Jaffer Ali comprit qu’il ne resterait pas fermier de la province et il s’apprêta à nous disputer l’entrée du