Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/194

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repoussé les Marates, parfois sans être obligé d’agir lui-même ; les zemidars seuls avaient souvent suffi à écarter l’invasion. Pourquoi ne serait-on pas aussi heureux ? L’armée malheureusement ne partageait pas cette confiance ; on s’inquiétait beaucoup trop : « Chaque français, chaque dobache, écrivait Bussy le 24 mars, fait sa nouvelle, auxquelles (sic) on ajoute foi, ce qui fait faire mille bassesses. Ce n’est pas ainsi qu’on parvient à gouverner les vastes pays que nous avons… Il faut faire usage tantôt de la force, tantôt des négociations et toujours de la fermeté ».

Le 1er avril, en avançant avec prudence et lenteur, on n’était plus qu’à 25 cosses de Nagpour, la capitale de Ragogy Bonsla. On livrait chaque jour de petits combats peu meurtriers et peu décisifs. Ragogy, atteint de paralysie, ne pouvait conduire les opérations et son fils Janogy parti, comme on le sait, pour le Bengale, était occupé à piller la province de Chicacol. Plutôt que de continuer la guerre, le vieux chef marate préféra faire la paix. Bussy aurait pu écraser Ragogy et le dépouiller entièrement de ses états, mais celui-ci avait dans l’armée du soubab plus d’amis que le soubab lui-même et si Balagirao était personnellement intéressé à l’anéantissement d’un rival, son entourage, par esprit d’opposition, était manifestement opposé à la continuation de la guerre. Dans ces conditions il ne restait plus qu’à négocier.

Bussy se trouva alors fort embarrassé. Il eut bien voulu ne pas déplaire à Balagirao en continuant la guerre et d’autre part, il ne lui paraissait pas moins utile de ménager Ragogy dont les terres avoisinaient nos nouvelles provinces de Chicacol et de Rajamandry. Sans vouloir se porter médiateur entre celui-ci et Salabet j., il préféra recourir à des négociations secrètes, où il se montra