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donner aux Indiens le spectacle de l’incohérence et de troubler le pays par des révolutions successives, fut-ce de simples révolutions de palais.


Guerre avec Ragogy Bonsla. — On ne divise pas impunément des troupes. Peu de jours après que Bussy eut envoyé Ibrahim à la côte, le soubab se trouva aux prises avec Ragogy Bonsla. Ce prince, mécontent peut-être des avantages attribués à Lasker kh. dans le Bérar, fidèle en tout cas aux habitudes de sa race, envahit le territoire d’Haïderabad avec 25.000 cavaliers, moins pour le conquérir que pour le piller (fin février). Chanavas kh., supplia Bussy de l’aider à repousser cette attaque ; c’était, à son avis, une campagne de trois mois, qui ne pouvait manquer de se terminer par une retraite de l’envahisseur. Si sa défaite était assez éclatante, qui sait si on ne pourrait pas enfin lui enlever le Bérar, où il s’était rendu trop indépendant ? Un successeur éventuel offrait déjà 10 laks de présent comme don de joyeux avènement.

Bussy se mit tout de suite en marche, mais il manquait d’argent et ses troupes n’avançaient qu’avec la plus mauvaise grâce ; il fallait sans cesse parlementer avec elles. Le 20 mars, on se rapprocha enfin de l’ennemi, en brûlant ça et là des aldées ; c’était la façon de faire la guerre[1], et Bussy n’était nullement inquiet de l’issue des hostilités. Aliverdi kh., au Bengale, avait toujours

  1. Dupleix n’était pas partisan de cette manière barbare de procéder. Il écrivit à ce sujet à Bussy le 14 mai 1754 : « S’il vous était possible de persuader aux Asiatiques de perdre cette mauvaise coutume de brûler les aldées, ce serait une grande obligation que vous auraient tous les peuples de ces contrées et certainement leur reconnaissance serait parfaite à notre égard. Je sais que c’est un usage établi depuis longtemps mais qu’il nous serait glorieux de l’abolir le plus tôt possible. Tâchez de le persuader au nabab ; peut-être que cet exemple engagerait les Marates à le suivre. » (B. N. 9159).