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le Décan. Enfin (17 mai), à force de bassesses et après avoir recueilli quelques milliers de roupies qu’il fit quêter chez les vendeurs de piments et dans les petites boutiques de l’armée ou que lui procurèrent toutes sortes de gens jusqu’à un cornac d’éléphant, les cipayes promirent de marcher jusqu’à Haïderabad mais menacèrent de prendre les armes si là on ne les payait pas. La difficulté n’était guère moindre du côté des Européens, et voilà neuf mois que cette situation durait avec plus ou moins d’acuité. Ce fut le même jour qu’arriva le premier lak de Moracin. Le retour à Haïderabad put donc s’effectuer sans incidents fâcheux.


La cérémonie du 7 juin. — Bussy n’y resta pas longtemps. Ayant obtenu de Dupleix l’autorisation pleine et entière de descendre à la côte, il avait hâte de rejoindre Moracin. Les préparatifs furent vite faits et le 7 juin il se disposa à lever le camp. Ghanavas kh. et Salabet j. ne le voyaient pas s’éloigner sans inquiétude : ils sentaient l’un et l’autre que leur pouvoir était mal affermi. Aussi Bussy n’était-il pas parti que déjà ils désiraient son retour ; pour être certain qu’il reviendrait, ils imaginèrent un singulier procédé.

Le 7 juin, à neuf heures du matin, on tint un grand conseil où assistaient 18 des principaux seigneurs du royaume, parmi lesquels Chanavas kh., Abdoul faker kh., divan de Salabet j., Mir Mohamed Oussen, Coja Camardi kh., boxi du Mogol, Moubares kh. et son frère Moubares jing. Le soubab, invité à assister à la réunion, pria Ghanavas kh. de vouloir bien en expliquer le but à Bussy. Le premier ministre exposa, avec l’éloquence coutumière aux Orientaux, que les Marates étant sur le point de s’emparer de l’empire Mogol, les forces françaises seules