Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/197

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étaient capables d’empêcher ce malheur. Les troupes mogoles étaient tombées dans un incurable découragement ; le trésor laissé par Nizam était épuisé par les luttes qu’avait dû subir Salabet j. pour se maintenir au pouvoir. En soutenant Mahamet Ali, les Anglais empêchaient la rentrée des revenus des plus belles provinces. Tous ces faits étaient bien connus de Bussy, puisqu’il participait avec les ministres du soubab à la direction des affaires. Sa présence était donc nécessaire pour les empêcher de péricliter. C’est pourquoi, au moment où il allait prendre possession des terres précédemment concédées, on lui demandait de jurer sur l’Évangile et de donner sa parole d’honneur qu’il reviendrait à la fin de la saison des pluies, sans quoi ce serait la chute presque assurée de la nation mogole et l’on serait forcé d’avoir recours aux Anglais pour se défendre contre les Marates. Bussy se trouva fort embarrassé pour répondre, et s’en tira par une équivoque. Il dit que, si d’une façon générale Dupleix l’avait laissé le maître de ses actions, dans le cas présent il ne pouvait cependant prendre qu’un engagement conditionnel, et qu’il laissait à Dupleix la décision souveraine. Après cette déclaration, qui parut satisfaire l’assistance, le soubab congédia Bussy et celui-ci fut reconduit avec tous les honneurs usités pour tous les grands de l’empire.

Bussy venait d’apprendre l’arrivée prochaine de Godeheu dans l’Inde. Il n’en fut pas atterré ; il ne savait et ne pouvait savoir quel était l’objet exact de sa mission, mais il sentit instinctivement que l’œuvre de Dupleix et la sienne pouvaient être compromises et, rendant compte le même jour des honneurs qu’on lui avait rendus et des engagements demandés par le conseil du soubab, il écrivit à Dupleix que c’était à lui de s’inspirer des circonstances et de prendre le parti qu’il croirait le meilleur ; toutefois,