Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/213

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qu’il lui donna au lendemain de la mort de Nazer jing, lorsqu’il confia 300 blancs et 2.000 cipayes à Bussy pour accompagner Muzaffer j. puis Salabet j. dans le Décan. Ces princes avaient pris l’engagement d’acquitter ou de nous rembourser toutes nos dépenses et ils avaient encore étendu le territoire de la Compagnie par de nouvelles concessions. Ainsi la Compagnie était légitimement fondée à croire ou à espérer qu’elle n’encourrait aucune responsabilité financière dans les affaires de l’Inde.


Cependant, tout en envoyant en France les tableaux les plus flatteurs de notre situation, Dupleix n’ignorait pas que par principe la Compagnie était hostile à ses projets et il craignait que, malgré nos victoires, elle ne le restât ; ses lettres et ses rapports avaient beau représenter les événements sous un jour favorable ; le fait brutal était là : la guerre continuait. C’est alors que, pour fortifier ses arguments, il crut devoir envoyer à Paris l’homme qui avait le plus contribué à lui assurer ses succès et que chacun honorait d’une estime particulière, le capitaine Prévôt de la Touche, le vainqueur de Nazer j. dans la journée du 16 décembre 1750. Qui pouvait mieux que cet officier faire valoir nos victoires, établir avec quelle facilité elles avaient été remportées, expliquer quels avantages certains nous avions recueillis et ceux que l’on pouvait encore espérer ? Mieux que des écrits ses paroles autorisées feraient comprendre à la Compagnie à quelle sorte d’ennemis nous avions à faire et quelle était leur faiblesse. Ainsi présentée, la politique de l’Inde ne devait faire naître aucune inquiétude, d’autant que les Anglais, déroutés par la rapidité de nos manœuvres, ne s’étaient pas encore ouvertement déclarés nos adversaires.

Prévôt de la Touche s’embarqua dans le courant de