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grave, il sous-estima constamment leurs forces et la valeur de leurs hommes et de leurs chefs. Il sous-estima de même la résistance de Mahamet Ali. Pénétré de l’idée que nos adversaires seraient épuisés avant lui par la prolongation des hostilités, il ne cessa de représenter à la Compagnie que, malgré des succès passagers, ils en étaient réduits à la dernière extrémité et que le prochain courrier annoncerait certainement leur défaite totale.

Ces illusions faussèrent naturellement son jugement et influèrent dans une large mesure sur les observations ou renseignements qu’il envoya en France. Avec un mélange de bonne foi et d’artifice, il espéra faire impression sur la Compagnie et retarder son jugement jusqu’à l’épreuve décisive qui, à ses yeux, ne pouvait être que la défaite complète de l’ennemi.

Malheureusement pour lui, la Compagnie avait d’autres sources d’informations et de Pondichéry même, on lui écrivait, sous des inspirations diverses, qu’en réalité Dupleix n’édifiait qu’un château de cartes ; les bases n’en étaient nullement assurées. La contradiction de ces renseignements ne pouvait laisser la Compagnie indifférente, d’autant que les résultats annoncés par le gouverneur ne se produisaient pas.

La grande affaire d’où tout dépendait, était celle de Trichinopoly. Or, le 10 juin 1753, Dupleix écrivait que cette ville n’était plus défendue que par un reste de parti dont la défaite entière ne pouvait tarder et le 15 octobre suivant, la place résistant toujours, il exposait que l’armée de Mahamet Ali n’était qu’une armée délabrée et qu’un blocus suffirait pour obliger bientôt la garnison à se rendre.

C’était par ces exagérations et ces réticences que Dupleix trouvait le secret de soutenir en France sa répu-