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voir quitter Pondichéry. Le temps pressait, les bateaux aussi. Dupleix transféra alors à son beau-frère d’Auteuil la mission qu’il lui destinait.

Ce n’est pas que d’Auteuil se distinguât par de grandes qualités ; dans tous les commandements qu’il avait exercés il s’était montré inférieur à sa tâche. Mais depuis que Bussy était occupé au Décan, Dupleix n’avait aucun officier de distinction ou de valeur qu’il put lui substituer. Lieutenant-colonel depuis le 27 décembre 1751, d’Auteuil s’imposait par son grade, sans compter qu’il ne pouvait plus servir contre les Anglais, depuis qu’il avait été fait prisonnier à Valconde, le 9 juin 1752. Autant utiliser ses talents en France.

Pour le seconder mais en réalité pour le suppléer dans toutes les circonstances où il faudrait de l’entregent ou de l’activité, Dupleix lui adjoignit comme secrétaire un employé de la Compagnie, nommé Amat, dont l’esprit était plus varié, plus souple et plus subtil. Et de fait ce fut Amat qui fut l’âme de la mission. D’Auteuil était avant tout un paresseux qui se reposa avec complaisance sur le zèle et le dévouement de son secrétaire ; celui-ci eut toutes les corvées, depuis les rapports à rédiger jusqu’aux visites à faire aux ministres et aux directeurs.

Venu dans l’Inde en 1743 comme commis aux appointements de 800 livres sur la recommandation du ministre Maurepas, Amat fut à ses débuts un fort mauvais employé ; parce qu’il connaissait l’arabe et le persan, il demanda des situations au-dessus de ses capacités et ne voulut rien faire. Employé à Madras en 1747, il était mécontent de tout et il fallut le mettre aux arrêts pendant deux mois avant de le renvoyer à Pondichéry. Puis l’oubli se fit sur son nom. Sans doute, comme beaucoup d’autres employés assagis par l’expérience, avait-il pris une notion