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deur et de la solidité de leurs projets : l’heureuse issue de nos opérations dans le Décan ne compensait-elle pas largement nos revers dans le Carnatic ?

« Il convient, lui disait-il, que vous écriviez très fortement à M. le Contrôleur général et à la Compagnie et que vous vous étudiez beaucoup surtout avec le premier, qu’il soit piqué d’honneur sur la gloire du roi. Ne craignez pas de lui dire que la direction ne veut pas tout à fait connaître le résultat des opérations de l’Inde et qu’habituée à une certaine étendue de vues trop bornées elle ne se prête pas comme il faut à ce qui peut la rendre la plus florissante de toutes les compagnies, que de reculer à présent c’est se déshonorer pour toujours et perdre peut-être tous les avantages déjà acquis ; enfin employez votre rhétorique à faire sentir la nécessité de faire passer des forces considérables et que le seul moyen de s’inquiéter peu de la jalousie de nos ennemis est de nous mettre en état de ne les point craindre. » (A. Vers. E. 3754).

Par cet appel à Bussy, dont le nom était hier inconnu, mais dont les succès étaient retentissants, Dupleix espérait sinon convaincre complètement la Compagnie, du moins jeter le doute en son esprit et l’amener à penser qu’après tout le succès n’était pas impossible et que les Anglais eux-mêmes ne pourraient pas l’empêcher.

Mais des lettres ne valent pas une défense verbale surtout lorsque la cause est presque désespérée. Dupleix résolut donc d’envoyer en France une nouvelle mission pour représenter à la Cour l’état des affaires de l’Inde. Il songea d’abord à la confier à son neveu Kerjean, qui revenait du Décan ; mais la fatalité voulut que celui-ci fut obligé d’accepter momentanément le commandement de nos troupes dans le Carnatic et fut grièvement blessé à la bataille d’Archivac le 6 septembre 1752. Pendant plusieurs semaines, il fut entre la vie et la mort sans pou-