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bles sont passées sous silence. Mais telle est sa confiance en lui-même que loin de faire figure de pénitent, il se pose presque en accusateur de la Compagnie ; en une autre lettre adressée à son ami Savalette, et où il lui annonce la mission qu’il confie à d’Auteuil, il ajoute :

« Si on ne veut pas m’écouter, je prends congé de la Compagnie et de tout ce qui a rapport à elle. Il y a trop longtemps que je suis sa victime et je ne trouve chez elle que de l’ingratitude. C’est assez l’ordinaire de tout ce qui s’appelle compagnie où chacun ne regarde que son intérêt particulier. » (Lettre du 12 octobre).

À l’en croire, c’est la Compagnie qui était responsable du mauvais état de nos affaires et de tous nos revers dans l’Inde. « Dieu soit loué, écrivait-il encore à Godeheu le même jour, j’ai prévenu et nulle faute ne pourra m’être attribuée. » (A. Vers. E. 3749, f° 47).

D’autres lettres visant spécialement la mission d’Auteuil furent envoyées à ces mêmes dates au marquis du Châtelet, à Rouillé, au duc de Béthune, au duc de Gèvres et à d’autres personnes. Dupleix comptait sans doute beaucoup plus sur ses envoyés que sur ses lettres elles-mêmes pour faire entendre en France les paroles convaincantes qui endormiraient les méfiances.

Mais quand d’Auteuil et Amat furent partis, il lui fallut bien de nouveau se pencher sur son écritoire. Quatre mois s’étaient passés ; la guerre reprise le 1er janvier 1753 n’avait encore produit aucun résultat ; depuis six semaines nous étions arrêtés devant Trivady. Un courrier était en partance pour France à la mi-février. Le 15, Dupleix écrivit un grand nombre de lettres ; il en écrivit à la Compagnie, aux ministres, à sa famille et à ses amis. Toutes sont une justification de sa conduite.