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pour le soutenir, je verrai de loin les suites heureuses ou fâcheuses de mon absence : je ne serai point du tout jaloux qu’un autre fasse mieux que moi ; je n’ai pour système que le bien de la patrie ; de quelque côté qu’il puisse venir je suis enchanté et je gémis du mal qui lui arrive… »

Dupleix se plaint encore du ton peu décent des lettres adressées au Conseil de Pondichéry et qui émanent de « quelqu’un qui a pris son éducation au milieu des flots ; son style sent trop le marin[1]. » Les directeurs n’en sont pas responsables ; ils signent sans lire. (A. C. C2 84, p. 125-131.)

En toutes ces lettres il n’est pas plus question de demande d’argent que dans celles de 1749 et de 1750 et l’on sait pourtant quelle était la détresse financière de Dupleix ; pour faire face à ses opérations militaires il avait dû avancer près de trois millions de ses fonds personnels et emprunter quatre millions à ses parents ou amis. Mais cette détresse, il s’obstina à ne pas la faire connaître à la Compagnie, qui put ainsi toujours rester sous l’impression rassurante de ses premières déclarations. Par contre il ne cessa de lui représenter qu’il avait besoin de renforts militaires et il les fixait à 2.000 et même 2.500 hommes. Comme, sans lui accorder tout ce qu’il demandait, la Compagnie augmenta chaque année ses effectifs, Dupleix en fut amené à conclure que, sans approuver sa politique et même en la condamnant expressément, elle le couvrait d’une façon implicite en lui donnant les moyens de la soutenir et de la développer, et qu’il était par conséquent en droit de compter sur son appui militaire et de se plaindre de l’insuffisance des renforts qu’elle lui envoyait : de là à rejeter sur elle la responsabilité de ses échecs, il n’y avait qu’un pas à

  1. C’est sans doute Duvelaër qu’il entend désigner par ces mots : Duvelaër avait navigué dans l’Inde et en Chine.