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octobre ; je l’ai expédié tout de suite avec une cargaison complète et je me sers d’un vaisseau de l’Inde pour lui en porter une plus considérable. Il m’en restera encore une en magasin et voilà comme cette direction sait tout opérer. Elle m’a envoyé 600 soldats qui ne sont qu’un ramassis de gueux et d’enfants ; 100 bons soldats les battront en toute occasion. (B. N. 9151, p. 29-30.)

Les lettres à sa famille, quoique peu nombreuses, — du moins celles qui ont été conservées — achèveront de nous éclairer sur les pensées intimes de Dupleix et naturellement c’est la Compagnie qui a tous les torts à son égard ; elle est trop bornée pour comprendre sa politique et elle ne sait pas récompenser ses services.

Trois lettres surtout méritent d’être citées et analysées, l’une à sa belle-sœur Madame de Bacquencourt, l’autre à l’aîné de ses neveux et la troisième enfin à M. de Savalette de Magnanville, qui n’était pas, il est vrai, apparenté à Dupleix, mais dont la fille Charlotte ne devait pas tarder à épouser le second de ses neveux.

Ce sont surtout des griefs particuliers qu’il expose à sa belle-sœur, comme pour soulager son cœur ulcéré. Dupleix a rêvé de devenir maréchal de camp ; il a même fait faire des démarches très pressantes pour obtenir ce titre militaire qui plus que tout autre flattait son amour-propre ; or les ministres ont tiré prétexte des fausses nouvelles répandues par les Anglais pour ne pas le lui accorder.

« Comme si, écrit Dupleix, les services passés ne méritaient de récompense qu’autant que ceux qui les suivent répondent aux précédents. Ces seigneurs me font bien de la grâce de me croire capable d’arranger si bien les choses qu’elles ne pourront point être sujettes à quelques catastrophes. Dieu seul a ce pouvoir ; je suis homme, ainsi sujet à supporter le bien et le