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que l’on a dessein de nous imposer et jugeront en même temps si je dois m’y prêter. » (B. N. 9151, p. 24-26).

Cette idée du joug anglais le tracasse et l’obsède, soit qu’il y crut sincèrement, soit qu’il y vit, pour faire adopter sa politique, un moyen facile d’éveiller l’amour-propre national contre l’ennemi héréditaire.

C’est encore ce sentiment qui prévaut dans une lettre à Brignon du i5 février :

« La conduite des Anglais est toujours poussée au delà des bornes. Si on veut me croire et me laisser faire, je les réduirai autant qu’ils méritent. Je ne puis vous dire combien je suis changé, il faut une santé de fer pour y résister. » (B. N. 9151, p. 28-29).

Une lettre à la Garde Jazier, de la même date, n’est qu’une récrimination contre l’abandon dans lequel le laisse la Compagnie :

« Depuis ce temps, lui dit-il, [c’est-à-dire depuis quelques succès antérieurs à l’échec de Trichinopoly], quelques ténèbres ont été répandues sur la gloire que la nation avait acquise et ce n’est qu’à ma fermeté et à la protection divine que je dois le rétablissement de cette gloire… Les Anglais n’ont rien oublié pour nous asservir ; ils croyaient y être parvenus lorsque la face des affaires a changé. Si j’avais été secondé du côté de l’Europe comme j’avais lieu de l’espérer, tout serait remis dans son état, mais certaines façons de penser des plus fausses possèdent la direction…

« Vous la connaissez mal pour penser qu’elle m’enverra deux vaisseaux armés en guerre et beaucoup de troupes. Sa lésinerie sera cause de notre perte, si elle n’y prend pas garde pour la suite. Elle ne m’a envoyé que deux vaisseaux qui sont le Centaure et le Prince ; le premier est arrivé et parti en octobre ; je ne sais où est l’autre[1]. Le Bristol a paru ici par hazard en

  1. On sait que le Prince fut brûlé en mer.