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teur de son neveu et qu’il convenait de le ménager. Pourvu en juin 1749 de la charge de garde du Trésor royal, Savalette ne jouissait sans doute pas à la cour d’une extrême influence, mais il était de ces hommes à qui leur fortune permet parfois de se faire entendre et même de se faire écouter[1]. En le prenant en quelque sorte pour confident, Dupleix escomptait vraisemblablement des indiscrétions. Ils étaient d’ailleurs en correspondance régulière : en 1752, Savalette n’avait pas écrit moins de huit lettres à Dupleix, dont sept de recommandations : la dernière était du 16 novembre.

Celle de Dupleix n’était qu’une réponse, mais quelle réponse ! C’est aux expressions près, le programme qu’il a développé le même jour à Montaran et ce sont aussi les mêmes conclusions ; pour conserver les revenus fixes que la Compagnie vient d’acquérir, il faut qu’elle envoie dans l’Inde 2.500 hommes de troupes.

« Je comprends à merveille, lui écrivait Dupleix, qu’une compagnie de commerce ne doit en aucun temps faire la guerre, mais combien d’exceptions cette règle n’emporte-t-elle pas avec elle ! Si celle de Hollande avait pensé de même, serait-elle parvenue au point de grandeur où nous l’avons vue et qu’elle ne doit qu’à la guerre et à sa constance à supporter avec fermeté les circonstances fâcheuses qui l’ont souvent mise à deux doigts de sa perte. Je sais ; il y a longtemps que j’ai lieu de m’apercevoir que les vues de ceux qui dirigent la Compagnie ne sont pas fort étendues et qu’ils oublient facilement dans quel état l’ancienne compagnie s’est, trouvée réduite ; rien n’était plus misérable. Ils ont également oublié celui où s’est trouvé la nouvelle au commencement de la dernière guerre. Les arrangements que l’on a pris pour la rétablir un peu n’ont point eu

  1. « L’or et l’argent ont été ses dieux et il ne les a pas acquis sans bassesse. » (Lettre de Dupleix à Choquet du 9 novembre 1753. B. N. 9151, p. 109).