Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/248

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décidée à se dégager de Salabet j. ; après les avoir lus, non seulement elle n’abandonna point le soubab, mais elle se décida encore à faire passer 2.000 hommes dans l’Inde. Amat et d’Auteuil furent moins heureux lorsqu’ils voulurent parler du Carnatic ; ils ne parvinrent pas à tranquilliser les esprits toujours alarmés par la guerre qui menaçait de s’éterniser. Les lettres qui arrivaient de Pondichéry continuaient d’inspirer les craintes les plus fortes ; loin de les atténuer, des Français revenus de l’Inde les exagéraient encore par leurs propos ; même les personnes les plus favorables à Dupleix élevaient des critiques au sujet du commerce qui périclitait ; les plus hostiles s’attaquaient à sa fortune. La Bourdonnais, qui vivait encore, avait tout un parti qui s’efforçait de tirer une vengeance éclatante des déboires de Madras, et ce n’était pas un ennemi méprisable ; il fit perdre à Dupleix l’appui du maréchal de Noailles, qui l’avait toujours soutenu. Interrogés à fond par les Ministres et par la Compagnie, reçus plusieurs fois dans les bureaux où ils purent s’exprimer librement, d’Auteuil et Amat furent fort peu écoutés ; leurs déclarations étaient tenues pour suspectes ou trop intéressées. D’Auteuil fut reçu par le roi, comme un homme qui s’était distingué dans l’Inde, mais non comme l’avocat de Dupleix ; le monarque fort attaché à la paix ne se souciait pas de provoquer des raisons pour entretenir la guerre.

Le crédit d’Auteuil et Amat, si modeste qu’il ait été, cessa tout à fait à l’automne avec la curiosité d’abord attachée à leur mission. D’Auteuil s’en alla en province faire quelques voyages d’agrément ; quant à Amat, la Compagnie le trouva trop remuant pour le laisser retourner dans l’Inde et il dut rester à Paris où il engagea mala-