droitement, en se couvrant du nom de Dupleix, une opération commerciale un peu équivoque.
§ 3. — Le Mémoire du 16 octobre 1753.
Les mémoires d’Amat, œuvre d’un fonctionnaire sans autorité personnelle, n’ont d’intérêt ni de valeur que parce qu’ils révèlent exactement la pensée de Dupleix et l’on voit que pour celui-ci le règlement des affaires de l’Inde dépendait autant d’un solide établissement au Décan que de la possession même du Carnatic.
Cependant, par toutes les lettres qu’il continuait à recevoir de la Compagnie et des ministres, il pouvait se rendre compte qu’on était de moins en moins disposé à approuver ses projets et à lui faire personnellement crédit ; tout le monde, même ses amis, même sa famille, lui demandait instamment de faire la paix. Ce fut pour lui une déception amère de se sentir si mal compris de ses compatriotes ; l’avenir qu’il leur représentait était si lumineux dans son esprit, si radieux, si éclatant en lui-même. Pourquoi ces craintes, ces hésitations, ces terreurs ? Il ne nous le dit pas, mais on peut supposer que les raisons profondes de grandeur et de magnificence qui avaient peu à peu pénétré son esprit, lui parurent incomprises en France plutôt qu’elles n’y étaient réellement condamnées. Comme il allait l’écrire fort justement, n’y a-t-il pas des idées qui ne naissent qu’avec les circonstances et qu’on rejette aussitôt si elles se présentent avant l’heure opportune ? Ayant lui-même profité fort habilement des hasards de la fortune, il pensa que le lent travail qui