Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/256

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment et par conséquent les bénéfices ; d’où absorption définitive du capital à un moment donné. Donc nécessité d’un revenu fixe ; or ce revenu ne pouvant être obtenu exclusivement par le commerce, il faut le chercher ailleurs.

À la poursuite de ce but, il ne faut pas craindre la jalousie des autres nations. Ainsi que le dit le proverbe, il vaut mieux faire envie que pitié. Pour développer leur commerce, les autres nations ne se préoccupent pas de la jalousie de la France. Une nation qui fait la loi à toute l’Europe ne doit pas seulement rester spectatrice du progrès des autres ; elle doit tout à la fois ne pas tenir compte des jalousies du dehors ni de l’indifférence au dedans.

Mais, dit-on, une compagnie de commerce ne doit songer qu’à faire venir des ballots de marchandises et nullement à faire la guerre. C’est entendu, mais si la Compagnie de Hollande avait raisonné de cette façon, si elle n’avait pas fait des guerres utiles, où seraient aujourd’hui ces ballots de marchandises ? C’est ainsi que Dupleix a été amené à faire dans l’Inde des guerres plus profitables que les circonstances ne permettaient de l’espérer. Dans ces guerres, non seulement « on a acquis des biens permanents, mais même les frais ont été acquittés ; ceux que l’opiniâtreté de ses adversaires occasionnent encore le seront aussi et le revenu augmenté. Ainsi, « dans un pareil cas, la guerre convient à une compagnie, lorsqu’elle lui procure, sans frais de sa part que quelques avances dont elle est remboursée, une consistance qu’elle n’avait jamais eue, à laquelle elle ne devait point s’attendre et qui peut rendre la nôtre la plus puissante de celles qui subsistent en Europe. »

N’expédier que des marchandises, comme le voudrait la Compagnie ! mais avec le système de concurrence qui existe, qu’on en expédie peu ou beaucoup, c’est la ruine pour elle. Ce n’est que par un revenu fixe qu’on peut parer au danger d’un avilissement des prix résultant d’envois excessifs.