Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/255

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or c’est la compagnie de Hollande, parce que seule elle a un revenu fixe, constant et abondant.

La Compagnie n’a aucun intérêt à développer un commerce excessif de l’Inde en France, parce que les marchandises que notre pays vient aujourd’hui lui acheter et qu’on revend dans de bonnes conditions s’aviliraient si on en jetait trop sur le marché ou se détérioreraient si on les gardait en magasin. L’Angleterre joue gros jeu dans le commerce de Chine en achetant à tout prix des cargaisons de thé. Une telle façon d’agir ne peut que précipiter sa décadence. Dans l’Inde, la France ne peut espérer le monopole d’aucune partie du commerce ; il faut s’y résigner et se contenter des bénéfices actuels. Dès lors qu’il y a partage, les bénéfices cessent ; l’exclusivité seule peut les soutenir.

Les grandes dépenses que l’on a faites jusqu’à ce jour dans l’Inde et celles qui sont encore nécessaires pour développer nos établissements auront pour résultat, si l’on n’a pas un revenu fixe, d’absorber le capital même de la Société et de ruiner les actionnaires. Dans la dernière guerre, Dupleix n’a pu maintenir la situation de la Compagnie que par son crédit personnel. Avec un revenu fixe, « les chefs de son administration dans l’Inde ne se trouveront plus à la veille de mettre la clef sous la porte et de congédier les troupes et les employés. Ils n’auront pas le chagrin d’entendre les propos les plus fâcheux les uns que les autres et des officiers dire sans honte : point d’argent, point de Suisses. Il faut avoir vu ces situations pour les bien connaître ; je me donnais bien de garde de les détailler en Europe ; je n’y donnais que des espérances qui ont eu leur entier effet. »

Autres considérations : la Compagnie ne peut envoyer que difficilement des fonds dans l’Inde, ce qui prouve que son capital n’est pas assez élevé ou qu’il est très ébréché ; quelle qu’en soit la cause, l’envoi diminué, les retours le sont égale-