Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/258

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acquérir les marchandises du pays sans recourir à nos produits d’Europe.

Jusqu’à ces dernières années, l’occasion de se procurer ce revenu ne s’était pas présentée ; elle en a été fournie par la dernière guerre, qui rapporte cinq millions de revenus annuels à la Compagnie et aurait dû lui en rapporter dix, si Dupleix avait été mieux soutenu et avait reçu de France les secours nécessaires. Les hommes qu’on lui a envoyés ne valent rien. Il lui faut des troupes pour conserver et développer son œuvre, qui rencontre encore en France des indifférents et même des ennemis, mais ne tardera pas par ses résultats à convaincre même les plus mal intentionnés.

Ici Dupleix dénombre le revenu de nos nouvelles acquisitions qui, d’après lui, s’élèveront en 1754 à 1.478.000 rs. ou même 1.873.441, d’après les évaluations du Décan. Encore ces chiffres doivent-ils être au-dessous de la vérité. D’autre part Pondichéry rapporte 300.000 rs., Karikal 160.000 et Bengale 120.000. Puis Dupleix conclut :

« Ce n’est point ici le lieu de dire ce qu’il faut faire pour conduire à leur perfection de si beaux commencements. Il me suffit dans ce mémoire de prouver que cette nécessité bien comprise et parfaitement réfléchie a du exiger de moi que je profitasse des occasions que les occurrences m’ont présentées. Je serais criminel si je ne l’avais point fait et je ne l’ai fait qu’après avoir réfléchi que je ne pouvais rendre un service plus essentiel à ma patrie. Je serais trop heureux d’avoir préféré les pensées, les inquiétudes, les travaux, les risques de tout mon bien à un repos qui m’était dû, si l’on veut bien se persuader que je n’ai eu d’autre point de vue que celui de tout sacrifier au bien de ma patrie, à la gloire du roi et à l’honneur de la nation, en assurant pour longtemps la tranquillité de toutes les familles qui sont intéressées au progrès d’une Compagnie dont les ris-