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ques et les dépenses sont immenses et plus que suffisants pour l’anéantir. » (A. C. C2 84, fol. 18-35).

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C’était une politique nouvelle, tout au moins en ce qui concernait l’Inde. En Afrique, nous nous en tenions au commerce de la côte, qui ne comprenait guère que le trafic des esclaves ; aux Antilles, nous occupions tout le territoire, mais c’était dans un cadre strictement limité par la mer et d’une faible superficie ; au Canada et en Louisiane, nous nous étendions, il est vrai, à l’infini dans l’intérieur des terres, mais c’était dans des pays presque sans population et en déshérence. Dans l’Inde, au contraire, nous avions devant nous un pays immense, une population nombreuse, un commerce établi et une civilisation fort ancienne. S’attaquer à ce bloc était vraiment une idée nouvelle qui ne pouvait venir qu’à l’esprit d’un homme connaissant depuis longtemps la péninsule et escomptant la mollesse de ses habitants. En Europe, cette masse, dont les récits des voyageurs avaient fait connaître toute la valeur, ne pouvait pas ne pas faire illusion et c’est pourquoi Dupleix, acculé en quelque sorte par la nécessité, crut devoir informer ses contemporains par un document précis et circonstancié que, du moment où les pays d’Europe se croyaient le droit d’imposer leur autorité aux f nation s les plus faibles, l’Inde était une proie facile, séduisante et qu’il serait tout à fait absurde de ne pas saisir et conserver.

Sûr d’arriver à son but si la Compagnie voulait enfin ouvrir les yeux à l’évidence, Dupleix n’était nullement décidé à souscrire à une paix quelconque, qui eut privé la nation de tous ces avantages. Aussi, dans une autre lettre du même jour, 16 octobre, adressée au ministre Machault,