Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/271

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais, ajoute La Lande dont nous résumons l’opinion, ils en parlent bien à leur aise, comme gens qui n’y entendent rien. On ne conclut une paix honorable que les armes à la main ; on ne la fait pas dans le moment qu’on y est forcé. La Lande pense qu’il n’y a qu’à s’en rapporter à Dupleix et à le laisser faire. Il s’en tirera mieux que tous ceux qui ne voient l’Inde qu’en perspective et qui en jugent légèrement. Un jour on dit qu’on ne veut plus de guerre et le lendemain on veut faire partir 2.000 hommes de troupes sous les ordres du marquis de Conflans. Il y a beaucoup d’irrésolution parmi les directeurs, beaucoup de jalousie aussi. De La Lande est très inquiet, car il ne sait ce qui se passe dans l’Inde ni dans quelle situation se trouve exactement Dupleix. (Lettre du 14 février 1753. B. N. 9140, p. 201-202).


Lettre de d’Héguerty. — Un troisième correspondant, d’Héguerty, est sans doute le même homme qui avait pris part à la guerre de course dans l’Inde en 1746-1747. D’Héguerty ne voyait dans les entreprises de Dupleix que leur côté glorieux et le déplaisir qu’elles causaient aux Anglais.

« Vos succès dans l’Inde, écrivait-il le 15 novembre 1754, fixent l’attention de toute l’Europe et vous font jouir de la plus haute réputation. Puissent-ils augmenter encore et achever l’humiliation des Anglais, nos ennemis naturels et nos rivaux ; tout bon patriote fait les mêmes vœux… L’État et la Compagnie vous doivent infiniment ; je souhaite avec ardeur qu’une juste reconnaissance les acquitte. » (B. N. 9149, p. 54.)

Les idées exprimées par Brignon et la Lande Magon représentaient sans doute l’opinion moyenne des Français s’intéressant aux affaires publiques et capables de