Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/286

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

défend intégralement. À part Roth et d’Espréménil, qui ont participé au maniement des affaires de la Compagnie, nul d’entre eux ne semble absolument convaincu de la nécessité d’avoir dans l’Inde un établissement territorial assez étendu pour lui donner l’aisance et les facilités monétaires dont il a besoin ; ces théories sont trop nouvelles pour l’époque ; dans les acquisitions de Dupleix, ils voient surtout un accroissement de notre prestige. Toutefois, par gloriole ou par opposition aux Anglais, ce qui est acquis doit rester acquis ; il convient de ne rien abandonner. Tout au plus Roth est-il d’avis de garder un juste milieu dans nos acquisitions et de ne pas trop s’éloigner de la côte. Tous également désirent la paix, mais on ne fait jamais une bonne paix lorsqu’on y est forcé et il leur paraît impossible de conclure un accord quelconque avec l’Angleterre avant que tous les avantages que nous avons obtenus n’aient été consolidés. D’une manière générale, il n’est pas permis de condamner in extremis une politique qui a été plus ou moins ouvertement approuvée par la Compagnie pendant trois ans et le moins qu’on puisse faire, en présence de l’œuvre accomplie, est de suspendre son jugement : plus d’un en France devait penser comme Gilly. Répondant à l’idée dominante de la politique de Dupleix, Roth concluait résolument à la nécessité de garder des forces dans le Décan, si l’on voulait que le soubab nous soutint à son tour de son autorité morale. Nul ne défendait expressément l’expédition de Trichinopoly : on préférait n’en pas parler.

Jointes à la défense personnelle de sa politique que Dupleix fit par ses lettres, rapports ou mémoires ou fit faire par ses envoyés en France, les opinions de ses amis et de sa famille qu’il n’inspira pas directement, mais qu’il