Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/297

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direct avec le contrôleur général des finances Machault, dont il n’était en réalité que le mandataire, il lui appartenait de soumettre au ministre tant ses observations personnelles que les propositions qu’il estimait les plus utiles aux intérêts de la Compagnie. Nommé au début de 1751 intendant du Languedoc, et mort peu de jours après, il laissa dans ses papiers une lettre ou mémoire qu’il se proposait d’envoyer à Dupleix. Nous ne savons si ce document fut effectivement expédié, mais comme il traduit avec une netteté qui ne fut jamais égalée les opinions qu’éveillait à la cour et dans certains milieux la politique nouvelle de Dupleix, nous croyons quand même devoir l’analyser et même en reproduire les parties essentielles.

Pour en bien saisir l’esprit, il importe d’abord de remarquer que cette lettre n’est inspirée que par les vicissitudes du siège de Tanjore, qui eut lieu de décembre 1749 à mars 1750. St-Priest ne connaissait pas encore le mauvais résultat de cette entreprise ; mais il savait qu’elle nous avait mis en possession de 81 aldées nouvelles à Karikal et que cette acquisition, s’ajoutant à la concession toute récente des aldées de Villenour et de Bahour, près de Pondichéry, avait doublé le territoire de la Compagnie. L’impression produite par ces événements ne pouvait être que très favorable en France ; on va voir cependant que St-Priest ne s’illusionnait pas au point de ne pas voir les difficultés dans lesquelles cette politique d’agrandissement pouvait nous entraîner. Et, sans blâmer le passé, il recommandait pour l’avenir la plus grande prudence.

« La guerre d’Arcate et de Tanjore, dit St-Priest, a procuré des avantages si réels à la Compagnie par le don des aldées de Villenour et de Bahour et par celles des environs de Karikal et