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l’opération devait se faire militairement ; il n’avait pas moins de répugnance pour l’acquisition de Mazulipatam, s’il fallait l’obtenir par des troupes données à Muzaffer j. Des augmentations de territoire, en supposant même une continuité de succès toujours incertaine, ne compenseraient jamais l’interruption momentanée du commerce de la Compagnie.

« Cependant, concluait St-Priest, quand on écrit d’aussi loin, il est impossible de parler affirmativement, parce qu’il peut y avoir tels engagements pris, telles occasions pouvant se présenter où les réflexions que j’ai faites ne devraient pas l’emporter. Je ne puis que vous exhorter à vous servir de toute votre prudence dans les occasions délicates qui pourraient se présenter. Vous êtes plus que personne en état de vous déterminer et de prendre le parti le plus sage. »

Lorsqu’on examine les conseils plutôt que les ordres de St-Priest à la lumière des événements qui suivirent, on est obligé de reconnaître leur sagesse et leur clairvoyance. La Compagnie, par l’organe de son commissaire, ne repoussait pas tout à fait la fortune qui s’offrait à elle, elle se défiait seulement de ses charmes dangereux et laissait à Dupleix le soin de dénouer en douceur les situations qu’il avait créées et, avant de prendre elle-même une attitude définitive, attendait encore avec confiance la réponse de l’Inde aux espérances troublantes de son gouverneur.


L’hiver passe. Avec le retour du printemps arrivent les courriers apportant des nouvelles de l’Inde jusqu’au 3 octobre 1750. La guerre continue. Nous n’avons pas pris Tanjore ni commencé le siège de Trichinopoly, mais nous avons remporté de nouvelles victoires sur le Ponéar, occupé Trivady, Villapouram et Gingy et repoussé jus-