Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/299

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trons vouloir nous agrandir, nos voisins ne s’y opposeront-ils pas ? Ne seront-ils pas forcés de prendre parti pour Nazer j. sous le nom d’auxiliaires, si nous continuons à donner des troupes à son émule ? Les nouvelles publiques en ont même déjà touché quelque chose dans les gazettes d’Utrecht et d’Amsterdam. »

En conséquence, St-Priest invitait expressément Dupleix à ne point annexer le Tanjore, suivant la proposition qu’il en avait faite. Il lui disait aussi de ne pas compter sur un envoi de 3.000 hommes, comme il l’avait demandé ; jamais le pays ne comprendrait une pareille expédition. Tout ce que l’on pouvait faire était de porter nos effectifs à 1.500 hommes et l’on en faisait partir 300 immédiatement. Puis St-Priest continuait :

« Ne croyez pas, Monsieur, qu’en vous disant mon sentiment sur la guerre et ses suites, j’ai eu l’intention de critiquer indirectement la conduite que vous avez tenue. Avec la bonne opinion que j’ai conçue de votre capacité, je suis bien éloigné de penser de la sorte. Je suis persuadé que vous ne vous êtes déterminé que par de bons motifs et dans des circonstances dont il a été à propos de profiter. Le succès et les avantages que la Compagnie en a retirés achèvent de convaincre de cette vérité. Mais cette justesse dans les démarches, ce bonheur dans les entreprises déjà faites, la facilité que vous nous annoncez dans l’exécution de celles que l’on pourrait tenter me font craindre que vous ne penchiez pour d’autres expéditions militaires. Le désir de conquérir est la passion des grandes âmes et comme ce qui est passion affecte tellement que dès lors les difficultés ne sont presque pas aperçues, il a fallu dans tous les temps arrêter les plus grands personnages et modérer une ardeur qui, louable dans son principe, aurait pu être funeste dans ses effets. »

St-Priest terminait sa lettre en recommandant à Dupleix de ne point faire d’établissement au Pégou, si