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de M. Dupleix qu’aux principaux officiers du Conseil et des troupes, tout est vendu et que la Compagnie n’a plus ni gouverneur, ni conseillers, ni troupes. Je crois le mal au degré qu’il serait de la prudence d’user de plus d’une précaution pour y faire exécuter les ordres du roi et de la Compagnie, qui mérite une attention plus sérieuse… » (B. N. 9355, p. 200-201).

Tout est vendu ! C’est bientôt dit. Est-ce exact ? Très sincèrement, nous ne croyons pas que Dupleix ait engagé et prolongé la guerre dans l’Inde en vue d’en tirer un bénéfice personnel ; mais quand la guerre fut déclarée, il ne négligea pas ce bénéfice, d’autant plus que, privé du concours financier de la métropole, presque toujours impuissant à faire rentrer les revenus du pays, il se trouva bientôt obligé de recourir à ses propres fonds pour soutenir les hostilités. Il est d’ailleurs faux que madame Dupleix et sa fille aient touché les rentes territoriales qui leur furent données ; elles les abandonnèrent au profit d’œuvres de bienfaisance et de religion. Mais cet abandon, Silhouette ne pouvait le connaître quand il écrivait sa lettre du 11 octobre. Dupleix par contre toucha, même après son départ de l’Inde, non pas la pension, mais les revenus territoriaux que lui abandonna le soubab. Nos règlements actuels s’opposent à juste titre à de tels errements ; ils étaient courants au xviiie siècle ; l’important était de ne pas dépasser la mesure. Il faut croire que Dupleix la dépassa, puisque la vertu de Silhouette en fut offensée.

Les gratifications excessives dont bénéficièrent nos officiers, notamment au Décan, et qui en octobre 1751 n’étaient pas encore connues en France, ne contribuèrent pas peu de leur côté à jeter sur nos opérations militaires et même sur la politique de Dupleix une certaine