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Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/310

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auxquels ils sont destinés. Vous ne devez donc point faire sortir de troupes dans l’étendue de nos concessions, à moins que ce ne soit pour les changer et pour les faire passer d’un comptoir dans un autre ou dans le cas d’une guerre défensive… Vous voyez donc par là que l’intention de la Compagnie est d’éviter soigneusement d’entrer dans une guerre auxiliaire, à moins qu’on n’y soit forcé par les secours que fourniraient les autres nations européennes ».

Cette lettre officielle était accompagnée d’une autre qui l’était moins. On disait à Dupleix :

« L’objet de cette lettre particulière, Monsieur, est de vous instruire de la décision du roi et de la Compagnie sur le secours de 3.000 hommes demandé par Muzafer j. Vous avez bien senti vous-même tout l’inconvénient de cette demande, mais il semble que vous soyez seulement porté à le réduire au nombre de 1.000 hommes et que vous ne trouviez pas grand inconvénient à accepter la proportion sur cette réduction. Nous pensons autrement sur cet article ; nous voyons toute la peine que vous avez eue à terminer les troubles de l’Inde… nous craignons tout ce qui pourrait aguerrir les naturels du pays. Y a-t-il quelque chose plus capable de les discipliner que d’avoir toujours sous les yeux un corps de troupes françaises, qui deviendrait lui-même inutile, si on ne le maintenait dans une exacte discipline ? Les naturels du pays, une fois aguerris, ne deviendraient-ils pas nos maîtres et devons-nous hazarder de nous trouver dans un état aussi dangereux ?… Il est temps de borner l’étendue de nos concessions dans l’Inde. La Compagnie craint toute augmentation de domaine, son objet n’est pas de devenir une puissance de terre… Le parti que nous devons prendre est celui d’une exacte neutralité… Se lier avec Muzafer j. et Chanda S. dans des engagements ultérieurs, ce serait s’exposer à servir leur ambition et à perpétuer dans l’Inde des troubles qui ne pourraient jamais manquer d’être funestes à notre commerce. Un revers seul peut suffire pour nous faire perdre la supériorité que nous avons acquise et vous avez pu