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§ 3. — Impression produite par les succès de Bussy.

Les lettres que nous venons de citer sont du mois de février 1752. Plusieurs mois se passent : des nouvelles plus fraîches arrivent de l’Inde. Nos troupes envoyées dans le Décan, loin de se heurter aux résistances que l’on redoutait, se sont au contraire couvertes d’une gloire immortelle ; le soubab nous a fait de nouvelles concessions, et à Dupleix lui-même il a donné les terres de Valdaour avec un revenu annuel de 240.000 livres. Dans le Carnatic, le siège de Trichinopoly est commencé ; il traîne, il est vrai, en longueur, mais nous n’avons subi nulle part aucun échec et Dupleix laisse entendre que la place ne tardera pas à succomber. Rien, sinon la crainte d’un revers de fortune, qui puisse alarmer le public.

Sous l’influence de ces heureuses nouvelles un double courant se dessine. Une partie de l’opinion, fatiguée de la continuité de la guerre, penche de plus en plus, selon les vues de Delaître, à faire donner à Dupleix des instructions pour arrêter coûte que coûte la marche de nos armées victorieuses ; c’est la moins nombreuse. Une autre, flattée des victoires de Bussy et confiante que les événements du Carnatic tourneront également à notre avantage, n’était pas d’avis qu’il fallût abandonner la partie. Entre les deux toute une foule, irrésolue et flottante, qui n’osait ni approuver ni condamner.

La Compagnie elle-même ne savait si elle devait accueillir ou refuser des avantages nouveaux qui se présentaient de façon si séduisante ; elle était incontestablement gênée par les ordres qu’elle avait donnés de rappe-