Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/320

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en année on a nourri et flatté ses espérances. On a toujours annoncé la paix comme prochaine, elle n’est point encore assurée ; Trichinopoly la suspend ; la confiance à cet égard est presque usée et elle est sur le point de s’anéantir. Voilà, Monsieur, une peinture fidèle de la disposition des esprits. J’envoie ma lettre ouverte à M. de Savalette, afin qu’en vous la faisant parvenir il y joigne ses réflexions et qu’il puisse vous dire que cette manière de m’expliquer avec vous est la meilleure preuve que je puisse vous donner de l’envie que j’ai de mériter votre estime. »

Cette lettre qui ne diffère pas dans son ensemble de toutes celles qui précèdent, mérite cependant une attention particulière par l’appel à l’opinion des actionnaires que Silhouette met en cause ; ceux-ci craignaient que la guerre ne diminuât leurs dividendes. Silhouette ne crut pas devoir laisser ignorer à Dupleix les dangers auxquels il s’exposait, s’il ne tenait pas compte de leurs sentiments.


Lettre de Montaran, du 20 septembre 1762. — Citons encore une seconde et curieuse lettre de Montaran, du 20 septembre. L’air de confiance qu’elle respire et certains conseils qu’elle renferme lui donnent un intérêt particulier.

« Je compte assez sur votre amitié et vous devez être assez sûr de la mienne, disait Montaran, pour que je puisse vous gronder un peu sur le ton de quelques-unes des lettres que vous avez écrites à la Compagnie. Il est un peu trop léger et même aigre quelquefois. Je sais bien que de tous ceux qui composent la direction il n’y en a point qui vous vaille ; aussi de vous à chacun d’eux en particulier vous pouvez leur écrire comme vous voudrez, mais quand vous écrirez au corps de l’administration, les directeurs et les syndics réunis sous l’inspection de commissaires du roi qui font eux-mêmes partie de l’administration