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Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/319

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lettres de Dupleix qui respiraient toujours la plus entière confiance ; les logiciens ou les raisonneurs, recevant d’autres informations, craignaient qu’un jour quelque mésaventure ne traversât nos succès.


Lettre de Silhouette, du 13 septembre 1752. — C’est sous cette impression que Silhouette écrivit à Dupleix :

« Je me suis fait plus d’une fois des reproches, Monsieur, d’avoir différé aussi longtemps à vous écrire ; la grâce que le roi est disposé à vous accorder, en érigeant en marquisat la terre que vous êtes dans l’intention d’acheter, m’offre l’occasion de vous en faire mon compliment et je vous le fais sur tous les succès que vous ayez eus jusqu’ici ; il s’agit de les couronner par la paix ; c’est ce que le ministère et le public attendent avec impatience. On préfère généralement ici la paix à des conquêtes et les succès n’empêchent pas qu’on ne désire un état moins brillant mais plus tranquille et pl us favorable au commerce. C’est dans cet esprit que j’ai toujours parlé à M. de Savalette et à M. votre neveu, lorsqu’ils m’ont fait l’honneur de venir me voir. On va jusqu’au point de craindre des possessions qui pourraient engager la nation dans les guerres des princes de l’Inde. On désire de n’y être mêlé pour rien et de n’y avoir aucune part. La vérité et la franchise dont je fais profession m’engagent à ne pas vous dissimuler que tout système qui paraîtra s’éloigner de ces vues de neutralité n’aura pas l’approbation du roi, du ministère et du public. On ne veut pas devenir une puissance politique ; on ne veut que quelques établissements en petit nombre, pour aider et protéger le commerce : point de victoires, point de conquêtes, beaucoup de marchandises et quelque augmentation de dividende. Il est certain que depuis longtemps les retours de l’Inde ne mettent pas la Compagnie en état d’augmenter le dividende et c’est là cependant aux yeux de presque tout le public la pierre de touche pour juger du mérite des opérations de l’Inde. D’année