Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/329

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vrai que les Hollandais eussent reçu à Cochin un renfort de 7 à 800 hommes. Une si forte augmentation de troupes ne pourrait guère avoir d’autre objet que de s’opposer à notre entrée dans le royaume de Travancore.

Quant à Nelisseram, il eut été à souhaiter que Dupleix n’eût permis de faire cet établissement qu’après être sorti de tous ses embarras à la côte Coromandel. Si nous en avons été chassés, comme le bruit en court, il convient d’attendre de nouveaux ordres avant de faire une seconde tentative. « Quelque avantage que puisse promettre l’augmentation de notre commerce par ces deux nouveaux établissements, il faut commencer par être tranquille possesseur du premier avant de penser à l’autre et il est rarement de la prudence d’embrasser à la fois plusieurs objets. »

L’ambassade au Mogol faisait suite à ces observations. Dupleix en avait accepté l’idée sur une proposition de Bussy et il avait écrit à la Compagnie que si les cadeaux qu’il attendait de France et qui étaient en principe destinés au soubab du Décan lui parvenaient en temps opportun, il se déterminerait à les envoyer à Delhi, où ils ne pouvaient faire que bon effet. La Compagnie en concluait que si ces présents — qui avaient péri dans le naufrage du Prince — étaient réellement parvenus dans l’Inde, Dupleix en aurait changé la destination, sans lettre de la Compagnie et sans aucune attache du ministre, qui seul peut parler au nom du roi et delà nation et autoriser une démarche aussi solennelle et d’un semblable éclat. » Il y avait au moins de l’indiscrétion de la part du gouverneur à prendre sur son compte une démarche de cette importance.

La Compagnie qui, au surplus, ne savait rien des affaires que Dupleix désirait traiter à Delhi, voulait être mieux renseignée.

« Les lettres de M. de Bussy, disait-elle, nous apprennent qu’il était question de vous faire donner des dignités nouvelles. Ces négociations ne sont pas de nature à pouvoir être