Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/330

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approuvées, mais elles deviennent bien plus inextricables lorsque vous omettez d’en rendre compte. Il en est de même des gratifications, augmentations de pensions, présents et autres profits quelconques dont tout français a profité depuis les troubles de l’Inde. La Compagnie n’entend point que vous lui laissiez rien ignorer à cet égard et, après une injonction aussi précise, il ne vous est pas permis de garder le silence sur tout ce que les officiers de la Compagnie, civils, militaires et autres personnes ont pu recevoir en don des princes maures, sous quelque dénomination que ce soit. »

L’ambassade au Mogol amenait naturellement la Compagnie à parler à Dupleix de ses négociations avec le vice-roi de Goa. Notre gouverneur s’était engagé avec les Portugais à les rétablir à St-Thomé et à tâcher de leur faire restituer Basseïn. La Compagnie lui fit savoir qu’il avait excédé ses pouvoirs, d’autant qu’il ne pouvait arriver à ce résultat que par une guerre ouverte avec les Marates et avec les Anglais. Le rôle de Dupleix devait être de vivre avec les Portugais dans la plus grande amitié et se rendre réciproquement tous les bons offices de deux nations amies et alliées, mais sans entrer dans des combinaisons qui pouvaient conduire à la guerre.

Pour le Bengale, Dupleix rêvait de faire passer ce pays sous la domination du soubab du Décan : Salabet j. eût été leur commun souverain. La Compagnie craignait qu’une politique aussi audacieuse ne nous attirât sans profit une haine implacable dont nos établissements du Gange seraient les victimes et, sans vouloir entrer dans aucun détail à cet égard, elle défendit expressément à Dupleix de fournir aucun secours à Salabet j., s’il se proposait réellement de réunir les deux contrées sous son autorité.

En cette longue lettre[1], la Compagnie ne se bornait

  1. Dans le mémoire de la Compagnie de 1763, elle tient 13 pages (p. 16-28 des pièces justificatives).