Aller au contenu

Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/33

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nabab, « Balagirao ne tarderait pas à s’en apercevoir. »

« J’avais fait demander au maître du jardin, qui est un grand seigneur, écrit Bussy, d’y aller passer la journée et en arrivant je fis défendre aux soldats et aux cipayes de rien toucher, à l’exception d’une orange qu’un soldat prit. Le jardinier vint se plaindre ; je fis venir le soldat et donner 100 rs. au jardinier. Cela me fit beaucoup d’honneur… Tel est l’ordre que je tâche de mettre partout. »

Tout faisait présager la victoire. Lasker kh. jusque-là fort hésitant ne craignait plus de proclamer la nécessité de la guerre. Des faquirs parcouraient les rues en disant qu’il fallait profiter de notre présence pour écraser les Marates : c’était Dieu qui nous envoyait pour sauver le pays. Dans le camp ennemi, la veuve de Ram Raja et les principaux seigneurs étaient disposés à nous reconnaître le quart du Carnatic ; les Angrias s’engageaient à cesser toute piraterie contre nos vaisseaux et nous demandaient d’établir une loge en un de leurs ports. Beaucoup d’autres, sans prendre notre parti, disaient que c’était Dieu qui conduisait les affaires du soubab et que la situation de Balagirao était désespérée.

L’armée se mit enfin en route, le 8 novembre ; le lendemain elle était à deux lieues d’Aurengabad. Le territoire des Marates commençait deux journées plus loin. On ne tarderait donc pas à être en contact avec l’ennemi.

En ce moment solennel, Bussy tint à faire savoir à Dupleix que tout se passerait bien et qu’encore une fois il pouvait compter sur lui :

« Le rang que j’ai soin de tenir ici doit vous faire plaisir. Lorsque j’accompagne le nabab, je marche toujours à côté de lui et tous ces seigneurs à dix pas dernière nous… Je ne puis trop vous répéter que tous les grands et les petits nous accablent d’amitiés ; il y en a parmi eux qui crèvent de jalousie,