Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/331

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pas à donner l’ordre à Dupleix de n’engager aucune opération militaire nouvelle, elle exprimait aussi sa surprise d’être mal renseignée sur ses projets et quelquefois de ne les connaître que par des lettres particulières ou des renseignements venus d’Angleterre. Elle ne pouvait se dispenser d’en témoigner tout son mécontentement, mais, ajoutait-elle, nous l’avons fait avec peine, vous méritez tout l’adoucissement que nous avons tâché d’y mettre et, « comme des fautes quoiqu’assez essentielles ne lui font oublier ni vos talents ni les preuves signalées de votre zèle, vous ne devez pas croire avoir rien perdu de sa confiance. »

Et elle ajoutait aussitôt :

« Nous ne pouvons finir cette lettre, Monsieur, sans vous parler de l’objet le plus intéressant pour la Compagnie, c’est des envois qu’elle a faits dans l’Inde et des retours qu’elle en a reçus.

« Le public n’est que trop fortement indisposé de ce que depuis plusieurs années que la paix a été conclue avec l’Angleterre et que l’on aurait dû se livrer entièrement aux objets de commerce, on ne les fait jouir d’aucune augmentation de dividende.

« La Compagnie avait cru s’en préparer les moyens par les envois immenses qu’elle vous a faits tant en matières d’argent qu’en marchandises, mais les retours jusqu’ici n’ont point répondu à ces envois et s’il ne vous reste pas des fonds très considérables, ils ne couvriront pas la dépense.

« C’est un objet capital pour la Compagnie et si le commerce de l’Inde continuait quelque temps encore d’être sur le même pied, elle se trouverait bientôt hors d’état d’y subvenir.

« Rien ne mérite de votre part, ainsi que de la sienne, de plus sérieuses réflexions ; d’année en année elle fait des emprunts et augmente ses dettes. Jugez, Monsieur, combien l’on est impatient, dans ces circonstances, d’être éclairé sur les