Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/340

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des amis fidèles pour tenir un langage aussi franc ; il n’y avait aucune dureté en ces paroles. Tout autre fut le langage du ministre Machault, il est plus brutal et cependant nulle malveillance. On sent que si la paix se décide, tout sera pardonné et que Dupleix restera gouverneur de l’Inde. Sa fortune dépendait encore de ses décisions. Machault lui disait :

« J’ai reçu votre lettre du 19 juillet 1752 et les pièces y jointes. Je n’y ai trouvé ni les nouvelles ni les détails que je dois attendre de vous et je ne puis m’empêcher de vous en marquer mon mécontentement. Ce silence accrédite toutes les mauvaises nouvelles qui se débitent et quand on est chargé d’affaires aussi importantes que vous, on en doit un compte plus exact et plus détaillé.

« La lettre que je vous ai écrite le 16 février 1750 a dû vous faire sentir dès lors combien je désirais la fin des troubles de l’Inde ; mes lettres postérieures des 23 avril, 5 mai et 6 novembre 1751 confirmaient non seulement mes intentions mais contenaient des ordres précis pour faire la paix ; les mêmes ordres visés par moi vous avaient été donnés par la Compagnie. Je dois donc croire que la paix est faite dans l’Inde, ainsi qu’il est porté dans les nouvelles qui viennent d’Angleterre, mais si on les croit tout entières, cette paix a été précédée de deux défaites dans lesquelles vous avez perdu la plus grande partie des troupes européennes destinées à la conservation de nos comptoirs. Vous auriez dû prévoir ce triste événement qu’on avait pressenti dans les lettres qu’on vous avait écrites au mois de février dernier. »


Lettre de Godeheu, du 26 février 1753. — S’il est intéressant de connaître l’opinion du ministre, il ne le serait guère moins de savoir celle de Godeheu, si celui-ci, qui devait remplacer Dupleix quelques mois plus tard, avait pris soin de l’exprimer avec autant de netteté que Machault ou que Montaran. Mais elle a quelque chose de