Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/343

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politique toujours actuelle et toujours agissante. Comment liquider une opération qui paraissait si mal engagée ? Maintiendrait-on Dupleix à son poste ? Enverrait-on un commissaire ? Et, si l’on envoyait un commissaire, quelles instructions lui donnerait-on ? Serait-il un simple conseiller de Dupleix ou lui imposerait-il ses volontés ? L’expérience avait prouvé que celui-ci ne tenait aucun compte des ordres reçus ; il semblait donc que, momentanément du moins, toute l’autorité comme toute la responsabilité des actes dut passer au commissaire. Sur ce thème qui prêtait à toutes les variantes, il fut beaucoup discuté et beaucoup écrit, mais des documents qui nous été conservés, trois méritent d’être plus particulièrement retenus : deux mémoires anonymes composés presque aussitôt après la nouvelle de la capitulation de Law et un mémoire de Silhouette du mois de juillet 1753.


Mémoire anonyme du 13 mars 1753. — Le premier est du 13 mars ; l’inconnu qui le rédigea l’adresse à Silhouette pour lui exposer ce qu’il convenait de faire dans l’Inde. Il ne semble pas que l’auteur soit jamais allé dans le pays, mais il connaît très exactement les événements dont il parle et s’il n’en apprécie pas toujours bien l’esprit, il essaie cependant de les juger avec impartialité et il y parvient à peu près.

« Les nouvelles de l’Inde, dit-il, me touchent autant que vous, mais elles me surprennent beaucoup moins, attendu que depuis le commencement des troubles de ce pays, certaines lettres particulières et désintéressées m’ont mis à portée de suivre le vrai fil des événements. Je peux vous assurer qu’ils sont méconnaissables dans toutes ces relations éblouissantes dont la distance des lieux rend l’artifice impénétrable aux