Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/354

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qui sont à son service ; on peut encore avoir besoin quelque temps de son nom et de son autorité, mais c’est un objet qu’il ne faut pas perdre de vue et qui exigera que l’on envoie sans retard dans le Décan un officier moins ambitieux que Bussy, dont les vues et les principes paraissent trop dangereux.

La retraite de nos troupes doit être exécutée dès que la paix sera rétablie. On ne doit pas être arrêté par la considération que Salabet j. se soutiendra peut-être difficilement après leur départ. Ce n’est pas l’affaire de la Compagnie de soutenir un prince maure contre ceux de la même nation qui voudraient l’attaquer ; il serait trop dangereux pour la Compagnie de courir le risque de toutes les vicissitudes que peut éprouver Salabet j.

On ne peut avoir en vue de soutenir ce prince dans l’idée de gouverner sous son nom. Le projet de Bussy de le tenir « en fourrière », de nommer le divan, de faire couper la tête des Maures dont il aurait à se défier et d’amuser les autres par des traités, ne saurait être retenu un instant ; c’est un système dangereux et odieux. À la première occasion, les Indiens révoltés égorgeraient les Français.

Pour parvenir à créer un état de choses raisonnable, il y a plusieurs mesures à prendre :

1° « On doit tâcher de se concilier avec la Compagnie anglaise à Londres et si l’on continue à y trouver trop de difficultés et de lenteur, il pourrait être convenable d’écrire à M. de Mirepoix [notre ambassadeur] pour le charger de déclarer au ministre d’Angleterre les ordres que l’on se propose d’envoyer dans l’Inde pour y établir la tranquillité. Ces ordres pourraient être tels qu’ils pourraient en imposer au ministre anglais qui serait responsable de la négociation si, après la notification qui lui aurait été faite, il ne réprimait pas les mesures qui pourraient altérer la tranquillité.