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quête et ne craint pas de provoquer une rupture avec nos voisins, le désaveu et le blâme des actionnaires qui ne sont affectés en aucune façon de l’acquisition d’une grande étendue de terre qu’ils pensent devoir être une occasion perpétuelle de haine, de jalousie, de troubles et de guerre avec les princes du pays et les Compagnies européennes. Je ne vous dis rien de trop ; je glisse même sur d’autres points. » (B. N. 9150, p. 22-23).

La seconde lettre de Michel se réfère d’abord au mémoire du 16 octobre, puis revient sur les dangers qu’une guerre dans l’Inde ferait courir à notre sécurité en Europe.

« J’ai lu avec beaucoup d’attention, disait Michel, les mémoires que vous avez envoyés à la Compagnie et je vous dirai avec franchise que je me suis aperçu peu après mon entrée dans l’administration que le bénéfice du commerce ne couvrait pas nos dépenses, mais je me suis flatté que celles-ci ne seraient considérables que pendant deux ou trois ans par la nécessité de réparer les fortifications de nos divers établissements, de les munir d’artillerie, d’armes et de troupes, en un mot de nous rétablir dans l’état où nous étions avant la guerre. Je me suis trompé. Les dépenses ont augmenté au lieu de diminuer et je n’en prévois point la fin. De nouvelles possessions riches sont un moyen agréable de les couvrir ; la difficulté est de les conserver paisiblement.

« Vous me permettrez de vous dire à cet égard que vous changeriez peut-être de façon de penser si la position des affaires générales de l’Europe vous était connue. Or les affaires générales de la Compagnie dépendent de cette position ; nous suivons l’impulsion qu’elle porte le ministre à nous donner et nous ne pouvons faire autrement. Nous sommes dans l’État ; l’État n’est pas dans la Compagnie. Je conviens avec vous, Monsieur, qu’il est fâcheux de renoncer à son bien-être, parce qu’il excite l’envie et la rivalité des autres ; mais il serait encore plus fâcheux à la Compagnie d’avoir provoqué une guerre ruineuse