Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/361

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n’avaient pas même reçu un commencement d’exécution, mais les autres parties du programme étaient en train de se réaliser.

Or leur exécution ne pouvait être que très mal accueillie par les autres puissances européennes et même par les principaux seigneurs du Décan, jaloux de voir notre autorité prépondérante auprès du soubab. Il fallait donc, à ce moment, d’après Delaître, ou répudier franchement les projets de Dupleix et rappeler ce dernier en traitant avec les Anglais de la paix du Carnatic, ou les adopter résolument en envoyant dans l’Inde des forces considérables pour les soutenir et en se préparant à répondre avec fermeté en Europe à certaines représentations qui pourraient être faites sur les agrandissements de la Compagnie. On n’a suivi ni l’un ni l’autre parti et l’on a envoyé à Dupleix des soldats indisciplinés, tandis que les Anglais ne cessaient depuis 1750 d’aguerrir leurs troupes et prenaient ainsi sur nous tous les jours une entière supériorité. Le sentiment de cette supériorité fit naître chez les Anglais l’espérance de faire échouer les projets de Dupleix et leur donna le courage de s’y opposer ; de là les négociations engagées en Angleterre vers le mois de mars 1753, deux mois après la nouvelle de l’échec de Trichinopoly. La Compagnie d’Angleterre posa alors comme première condition de la paix la reconnaissance de Mahamet Ali comme nabab d’Arcate. Ces pourparlers traînèrent en longueur jusqu’en 1754, époque où le gouvernement d’Angleterre, qui n’avait point encore pris parti dans la querelle des deux Compagnies, envoya dans l’Inde six vaisseaux de guerre et un régiment de troupes nationales. Cette intervention compliquait singulièrement le problème ; en 1751, on pouvait sans inconvénient ne pas suivre Dupleix dans ses projets ; pouvait-on le faire aujourd’hui sans s’exposer à perdre nos établissements ?

À cette question posée par Delaître lui-même, il répond par deux observations.