Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/371

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une inlassable activité : Pondichéry est menacé. Désespérant de voir exécuter ses ordres, la Compagnie et les ministres se décident à envoyer un commissaire dans l’Inde ; mais il n’est pas encore sûr que Dupleix doive être rappelé.

On étudie les moyens pratiques de rétablir la paix et l’on reconnaît généralement qu’elle ne peut se faire si nous ne renonçons à la majeure partie de nos concessions : l’expédition du Décan notamment doit être abandonnée. On envisage aussi que Dupleix devra être totalement suspendu de ses fonctions.

7° L’incertitude sur le maintien ou le rappel de Dupleix continue de planer dans le public et même au sein de la Compagnie. Comme la guerre se prolonge sans produire tous les malheurs que l’on avait un instant redoutés, on finit par s’habituer à l’idée qu’elle peut durer longtemps encore sans nous engager dans d’inextricables difficultés et qu’il serait peut-être bon de conserver les acquisitions essentielles de Dupleix. Delaître lui-même ne conseille que d’abandonner le Décan et propose de conserver nos vastes domaines de la côte d’Orissa. Les seules craintes que nous puissions avoir sont en Europe avec les Anglais ; il est vrai qu’elles ne sont pas négligeables et l’on sent qu’elles pèsent lourdement sur la situation.

Ainsi Dupleix commençait à avoir cause gagnée au moment même où il succomba. Mais c’était une adhésion purement morale et, à moins d’un succès éclatant et définitif qui eût fait renoncer les Anglais à toute opposition, il est vraisemblable que la Compagnie n’aurait en rien modifié ses instructions.